Le plaisir est il une notion objective?

D’un point de vue physiologique, la pratique sportive engendre une production d’hormone du plaisir, les fameuses endorphines. Mais cette explication ne nous satisfait pas complètement. Le sport est une formidable activité pour contrer la dépression, mais il n’en reste que tout n’est pas que physiologique.

Dès lors, est il pertinent d'objectiver la subjectivité du plaisir individuel, ou collectif?

D’un point de vue psychologique, dans le sport de haut niveau, la notion de plaisir est symbolique de performance à venir. « On se fait plaisir les gars !» dira un capitaine ou un entraîneur avant un match. Elle fait même office de préparation mentale. Cela est légitimé par la croyance sportive que « si on prend du plaisir, il y aura performance ». De même, il est de bon sens de penser que « tant qu’à perdre, autant prendre du plaisir ».

La notion de plaisir est aussi un balancier psychologique compte tenu des efforts physiques et psychologiques demandés par le sport pratiqué. « Ce soir, on ne refuse pas le combat, les gars», préviendra un capitaine ou un entraîneur de Rugby. Le Rugby nécessite un affrontement corporel, autrement dit un combat. Les avants sont obligés de s’opposer à d’autres avants. Et comme le dit justement Serge Simon* "le pilier est un animal sentimental". Les ailiers ou arrières peuvent parfois tenter d’éviter le contact, par la vitesse et les crochets, mais irrémédiablement, au cours du match, il se fera au moins plaquer, ou devra lui-même bloquer un adversaire. Or aller au combat régulièrement n’est peut être pas quelque chose de normal?

L'impact est il agréable? Cette notion est évidement subjective. J'ai eu l'occasion d'échanger avec d'anciens rugbymans en retraite. Il n’est pas rare d’entendre : "Ce qu’il me manque au fond, c’est le contact, c'est bizarre hein?" Le plaisir peut être vu comme un anticorps qui transforme la douleur de l’affrontement, ou bien même la douleur que l’on peut ressentir dans tous sports lorsque l’on se donne au maximum de ses possibilités. Entre douleur et plaisir, la frontière est fine, et pour mieux cerner la sensibilité, l'expérience est nécessaire.

Par ailleurs, dans les moments de « peak performance », ou de « flow », ces fameux moments de grande performance, les athlètes ressentent une fluidité corporelle, aucune notion de douleur, tout est facile, anticipé, parfait. Ces moments là sont plutôt rares, ils constituent une quête, presque un aboutissement de tous les efforts réalisés. L’athlète fait alors corps avec l’action et sourira immédiatement de sa performance, affichant sur son visage plaisir, joie, étonnement après coup…et satisfaction.

Nous avons donc commencé par poser le cadre de notre réflexion sur la notion de plaisir, et nous allons vous proposer d’aller plus loin lors du prochain article.

Amis sportifs et entraîneurs, faites ce petit exercice : Listez vous-même ce que vous entendez par « prendre du plaisir ».

Je serai d’ailleurs heureux de vous lire : cyril.baque@papconseil.com

Cyril Baqué

  • l'équipe du 14 fevrier 2008